14
mai
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Dans le cadre de la semaine de la nutrition organisée par le Centre Gaston Berger (CGB), nous vous proposons de décrypter les troubles du comportement alimentaire.  

Par Julia Bodénan, psychologue stagiaire au CGB. 

Qu’est-ce qu’un trouble du comportement alimentaire ?  

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) se caractérisent par un rapport à l’alimentation perturbé, durablement associé à une souffrance psychique.  

Selon le DSM-5 [1], les troubles spécifiquement identifiés sont l’anorexie mentale, le pica [2] , l’hyperphagie [3] boulimique, la boulimie nerveuse, les troubles de rumination et le trouble de prise alimentaire évitant/résistant [4]. Il est important de ne pas confondre les TCA avec des « mauvaises habitudes alimentaires » comme le grignotage ou la suralimentation.  

Ce type de pathologie peut induire des attitudes et comportements altérés vis-à-vis de son corps, de son poids (angoisse, perception modifiée de son corps, perte ou prise de poids excessive …) et de la nourriture (alimentation insuffisante ou excessive, rythme de consommation perturbée, qualité des aliments inadaptée…). L’ensemble de ces symptômes perturbent significativement le fonctionnement psychosocial [5] de la personne et sa qualité de vie, et cela dans différents domaines (le travail, l’école, les relations sociales …). 

Les TCA pourraient toucher près de 10 % de la population. Ils constituent la 2ème cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans, juste après les accidents de la route. 

Les symptômes peuvent concerner à la fois la dimension physique (perte de poids ou fluctuations excessives du poids, troubles du cycle menstruel ou aménorrhée [6], pertes de connaissance…), psychologique (déformation de l’image corporelle (dysmorphie), anxiété excessive, irritabilité, impact négatif sur l’estime de soi et la confiance en soi…) et comportementale (vomissements provoqués, prise de laxatifs, pratiques excessives d’exercice physique, évitement des repas, restrictions alimentaires, retrait social, évitement d’activités autrefois appréciées…).  

Les causes du développement des TCA sont nombreuses ; elles peuvent être liées à des facteurs psychologiques, (traumatismes et expérience de vie, estime de soi…), biologiques (vulnérabilités génétiques, dérèglement hormonal…) ou sociaux (pressions et normes sociales, réseaux sociaux, harcèlement…).  

Prise en charge précoce et pluridisciplinaire 

La prise en charge des TCA repose sur un accompagnement pluridisciplinaire englobant les dimensions psychologiques et médicales. De fait, il est recommandé d’accompagner la personne à travers un suivi coordonné d’une équipe pluridisciplinaire (psychologues et psychothérapeutes, médecins, psychiatres, nutritionnistes…). Les accompagnements sont généralement intensifs et inscrits dans la durée, selon la sévérité des symptômes.   

Ces conduites peuvent parfois être associées à des sentiments de honte et de culpabilité amenant les personnes à dissimuler leurs émotions et leurs comportements, ce qui contribue d’autant à retarder la recherche et la demande d’aide.  

Plus la prise en charge est tardive, plus le trouble risque de se développer et de s’ancrer, rendant le traitement plus long et complexe. Une intervention précoce permet ainsi de limiter les effets négatifs sur le corps et le psychisme, et d’augmenter les chances de rétablissement. Ceci est d’autant plus important que les TCA se développent souvent dès l’adolescence. 

Des aides locales 

A l’occasion de la semaine de la nutrition, le Centre Gaston Berger vous sensibilise à cette pathologie et vous propose de rencontrer des acteurs locaux qui accompagnent les personnes souffrant de TCA. C’est pourquoi, le CGB a invité l’association TCAkéso, association de pairs-aidants, des nutritionnistes et des psychologues du Service de Santé Étudiant. Si vous rencontrez des difficultés dans votre rapport à l’alimentation ou à votre corps, n’hésitez à prendre contact avec eux.  

TCAséko : tcakeso.asso@gmail.com / @tcakeso 

SSE : sante.etudiants@unistra.fr / 03 68 85 50 24

CAMUS : camus@unistra.fr / 03 88 52 15 51  


[1] Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.

[2] Trouble caractérisé par l’indigestion de substances non nutritives et non comestibles.  

[3] Ingestion de quantités de nourriture supérieures à ce que l’organisme dépense. 

[4] Trouble dans lequel les personnes ne mangent qu’au sein d’un répertoire extrêmement restreint d’aliments. 

[5] Développement psychologique d’une personne dans son interaction dans un environnement social.  

[6] Absence de menstruation. 

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