Ana Gonçalves Silva, étudiante en troisième année de génie civil est une étudiante passionné et engagée. Le Centre Gaston Berger (CGB) l'a rencontrée afin qu'elle présente son parcours et ses motivations.
L’engagement, une valeur forte à l’INSA Strasbourg
La question de l’engagement dans le parcours de formation, mais aussi de l’engagement dans des projets associatifs par exemple est un marqueur fort de l’INSA Strasbourg et c’est ce que l’école recherche chez ses apprenant·e·s. Parmi les différents projets portés par le Centre Gaston Berger, il y en a un, les Cordées de la réussite, qui nous a amenés à rencontrer Ana Gonçalves Silva.
Ana, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Ana Gonçalves Silva, j’ai 21 ans. Je suis arrivée à l’INSA Strasbourg en 1ère année post-bac (STH1) et actuellement je suis en 3ème année dans la spécialité génie civil.
De l’engagement associatif en Corse aux Cordées à Strasbourg
Portant l’ambition de rendre les études d’ingénieures et d’architectures accessibles, l’INSA Strasbourg participe au dispositif des Cordées de la Réussite depuis 4 ans. Cette année, c’est toi qui es en charge de la commission Cordées de la réussite du Bureau des élèves (BdE). Pourquoi as-tu choisi de t’engager dans cette commission ?
Je viens de Corse, j’y ai passé toute ma vie jusqu’à atterrir dans le froid de Strasbourg… Là-bas j’avais déjà eu une expérience « associative ». J’étais animatrice dans une association jeunesse. Ce n’était pas seulement surveiller les jeunes, c’était aussi m’impliquer complétement au sein de leurs activités. Et c’est en participant activement à leurs activités que je discutais le plus avec les jeunes. Et ainsi, comme une grande sœur, j’ai pu écouter leur soucis, leurs joies, leurs craintes et observer leurs accomplissements.
Cette expérience importante pour moi m’a donné l’envie de continuer l’associatif et c’est ce que j’ai fait en arrivant à l’INSA. Donc, j’ai fait partie d’une commission de l’association sportive, avant d’être responsable du pôle STH du BdE et enfin de m’occuper des Cordées !
Au départ, je n’avais pas du tout conscience de ce que représentaient les Cordées de la réussite. Lorsque j’en ai parlé avec Thomas Carry (5eme année de plastugie) qui était responsable il y a deux ans, j’ai compris que c’était complétement ce que je recherchais. Ça m’a rappelé mon propre parcours avant l’INSA.
Tout d’abord, ayant été à la place des lycéen·ne·s/collégien·ne·s il n’y a pas si longtemps que ça, je trouve beaucoup plus « naturel » qu’un ou une étudiant·e vienne parler de son quotidien, plutôt qu’un professeur ne le fasse à travers ses souvenirs. C’est pourquoi, j’invite tout·e étudiant·e à faire une rétrospective sur son parcours et à rejoindre la commission Cordées. J’aimerais que chacun comprenne que ces élèves ont besoin de nous, besoin d’informations. Ce n’est pas grand-chose qui nous est demandé : une simple discussion avec un ou une élève. Mais gardons à l’esprit qu’une discussion peut changer ses idées et le·la motiver à voir plus grand, comme une graine que l’on plante et qui germera dans plusieurs années.
Et puis, comme beaucoup d’élèves (je pense), j’avais très peur de faire des « grandes études » par peur d’être un poids pour mes parents. C’est exactement ce qui m’a motivé à faire les Cordées. J’aurais tellement aimé que des étudiant·e·s viennent me voir en personne et qu’ils me disent concrètement comment ça se passe, qu’ils m’expliquent la réalité de leur quotidien et surtout qu’il y a tellement de dispositifs qui existent.
Être responsable des Cordées : entre organisation et transmission
Quel est ton rôle en tant que responsable de la commission Cordées ?
J’ai deux rôles principaux.
D’abord, en début d’année universitaire, après le lancement des Cordées par Emile Mugnier (ancien responsable), épaulée par Floriane Dagneaux du Centre Gaston Berger, j’ai organisé les visites des établissements partenaires. Madame Dagneaux s’occupe des relations avec les établissements partenaires ; de mon côté, je rassemble des membres de la commission Cordées pour réaliser les interventions dans les collèges et lycées.
Ensuite dans un second temps, après être intervenus dans les différents établissements, j’organise la venue des élèves à l’INSA Strasbourg. J’ai pensé ces journées comme une immersion dans notre école. Cela s’est articulé autour de petites activités ludiques et d’autres un peu plus scolaires : des moments pour apprendre, et d’autres pour échanger et partager[1]. Les élèves ont pu discuter de façon beaucoup plus décomplexée avec les nombreux apprenants-accompagnateurs, sans qui l’expérience n’aurait pas pu être la même.
Agir pour l’égalité : femmes, orientation et confiance en soi
Le dispositif des « Cordées de la Réussite » est un dispositif d’ouverture sociale et d’égalité femmes/hommes. Quel est ton rapport à ses thématiques ?
Personnellement, ça ne m’a jamais posé soucis d’être la seule femme parmi une majorité d’hommes (surement dû à mon fort caractère !). Cependant, c’était une vraie problématique pour pas mal de mes copines. Je tiens fermement à pousser les filles et les jeunes femmes à se dépasser et à OSER ! Fini d’écouter les préjugés, nos choix d’orientation professionnelle ne devraient pas être limités par des stéréotypes ou des craintes de ce genre. De plus, à l’INSA Strasbourg, la répartition fille/garçon est de l’ordre du 40 % / 60 % ; et je n’ai jamais ressenti cette différence. Je veux montrer à toutes les jeunes filles que, quel que soit le domaine d’études, nous ne devrions jamais remettre en question notre légitimité parce que nous sommes des femmes, et encore moins dans les études scientifiques.
Enfin, sur le plan social, j’aimerais faire passer un message aux collégien·nes et lycéen·nes : dans les études supérieures, les étudiant·es viennent de partout, avec chacun son propre parcours. C’est pareil avec les Cordées, car on a l’opportunité d’échanger avec des profils très différents. Pour moi, c’était vraiment une découverte, notamment parce que je ne suis pas originaire de la région. Quand j’ai visité des établissements situés dans des zones plus enclavées, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en termes de contexte social. J’ai donc fait de mon mieux pour écouter et sensibiliser, avec beaucoup de respect. Mais ce que j’aimerais que chacun·e comprenne surtout, c’est que moi aussi, j’ai eu des peurs ; et j’avais des questions que je ne savais pas à qui poser, parce que je les trouvais gênantes. Même si on a tous un parcours différent, personne n’est un cas isolé. Les inquiétudes qu’ils ressentent, beaucoup d’entre nous les ont eues aussi. Moi aussi, j’ai eu peur de faire des études. Mais aujourd’hui je suis fière de ce que j’ai accompli. Et j’aimerais qu’eux aussi puissent être fiers un jour de ce qu’il·elle·s vont accomplir.
[1] Les activités de la Cordées de la réussite de l’INSA Strasbourg « Ingénieur·e, architecte : Pour qui ? Pour toi ! » sont présentées ici : https://centre-gaston-berger.insa-strasbourg.fr/2025/05/12/retrospective-cordees-de-la-reussite-2024-2025/